





































































Géographie des Herbes Folles (en cours)
︎︎︎
Géographie des herbes folles est née d’un besoin de sortir de la ville, de m’éloigner du centre. J’ai arpenté ses marges, ces parcelles incertaines qui n’appartiennent plus tout à fait à l’urbanité, et pas encore à la nature. J’y ai trouvé les herbes folles, non comme sujet central, mais comme des points à suivre pour dessiner les contours d’une ville en mutation permanente. Elles disent ce qui est en train de se défaire, ce qui reste en suspens, ce qui a déjà disparu. Elles incarnent une insubordination douce, une manière d’occuper sans dominer, une forme de résistance à la reprise en main, au changement programmé.
J’ai voulu photographier ces lieux dans leur silence et leur survivance. Non seulement les espaces eux-mêmes – ces parcelles délaissées, en attente, livrées à une végétation spontanée – mais aussi ce qui les borde, les entoure, les encadre, bâtiments fatigués, ruines d’un monde qui s’éloigne. Ces contours sont essentiels. Ils marquent la transition entre un ordre encore maintenu et un abandon déjà entamé. Ils témoignent de l’agonie discrète de territoires autrefois intégrés à la ville, mais que les logiques de rentabilité, les mutations économiques ou les politiques d’aménagement ont rendus superflus. Ce sont les avant-postes de la disparition.
Ces espaces portent en eux une ambivalence profonde. Ils sont à la fois poétiques et révoltants. Ils invitent à la rêverie – par leur solitude, leur lente reconquête végétale, leur lumière en friche – mais ils sont aussi les signes tangibles d’un rejet. La beauté qu’ils peuvent dégager est inséparable de la violence sociale qu’elle recouvre : celle d’une ville qui repousse, expulse, trie. La poésie de ces lieux n’occultent pas qu’ils sont souvent les refuges de ceux dont la ville ne veut plus. En ce sens, ils sont les paysages visibles d’un mécanisme invisible : celui du déclassement, du repli, de la relégation.
A travers cette série, j’ai voulu interroger les limites physiques autant que symboliques de nos espaces urbanisés. Elle évoque la frontière mouvante entre nature et artifice, inclusion et mise à l’écart, mémoire et effacement. En abordant le bord de la ville comme un espace à la fois géographique, social et politique, j’ai tenté d’enregistrer la trace de ces zones grises du paysage urbain – là où, loin des regards, le vivant, les ruines et les plans d’urbanisme cohabitent dans un équilibre précaire promis à la disparition.
J’ai voulu photographier ces lieux dans leur silence et leur survivance. Non seulement les espaces eux-mêmes – ces parcelles délaissées, en attente, livrées à une végétation spontanée – mais aussi ce qui les borde, les entoure, les encadre, bâtiments fatigués, ruines d’un monde qui s’éloigne. Ces contours sont essentiels. Ils marquent la transition entre un ordre encore maintenu et un abandon déjà entamé. Ils témoignent de l’agonie discrète de territoires autrefois intégrés à la ville, mais que les logiques de rentabilité, les mutations économiques ou les politiques d’aménagement ont rendus superflus. Ce sont les avant-postes de la disparition.
Ces espaces portent en eux une ambivalence profonde. Ils sont à la fois poétiques et révoltants. Ils invitent à la rêverie – par leur solitude, leur lente reconquête végétale, leur lumière en friche – mais ils sont aussi les signes tangibles d’un rejet. La beauté qu’ils peuvent dégager est inséparable de la violence sociale qu’elle recouvre : celle d’une ville qui repousse, expulse, trie. La poésie de ces lieux n’occultent pas qu’ils sont souvent les refuges de ceux dont la ville ne veut plus. En ce sens, ils sont les paysages visibles d’un mécanisme invisible : celui du déclassement, du repli, de la relégation.
A travers cette série, j’ai voulu interroger les limites physiques autant que symboliques de nos espaces urbanisés. Elle évoque la frontière mouvante entre nature et artifice, inclusion et mise à l’écart, mémoire et effacement. En abordant le bord de la ville comme un espace à la fois géographique, social et politique, j’ai tenté d’enregistrer la trace de ces zones grises du paysage urbain – là où, loin des regards, le vivant, les ruines et les plans d’urbanisme cohabitent dans un équilibre précaire promis à la disparition.
©julien crégut